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Géographe ? (Partie 1)

« Et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? »

« Je suis géographe. »

« Ah… Donc, tu connais toutes les capitales ? »

« ...*moment de silence*… C'est pas vraiment ça que j'ai étudié en fait… »


Comment on fait un géographe ? C'est quoi un géographe ? Ça sert à quoi ? Pourquoi ça existe encore ?

Ce n'est plus l'époque des grandes explorations pourtant !? Mais quelle est cette bibitte étrange dont presque personne ne connaît la fonction ??


Permettez-moi de commencer par une petite exploration de mon parcours non linéaire qui m'a fait atterrir sur une chaise dans un cours de « Géographes et géographies », à l'Université de Montréal, en 2010.


Que veux-je ?


Comme beaucoup d'enfants, je m'imaginais devenir plein de choses quand je serais grande. J'ai voulu faire comme Indiana Jones, puis comme Scully, dans la série X-Files ; je voulais résoudre des mystères et comprendre le fonctionnement des choses. J'ai aussi voulu devenir thanatologue parce que le corps humain me fascinait déjà et, encore là, je voulais comprendre comment ça marche. J'ai voulu devenir mathématicienne, physicienne ou encore pilote de chasse, pour qu'au cas où le voyage spatial se développerait à temps, je puisse participer et aller voir les planètes de proche.


J'ai aussi eu des phases plus artistiques. Je voulais être professeure d'arts plastiques, mais on m'a dit que la profession n'avait pas d'avenir et que les cours n'existeraient plus quand je serais rendue à les donner. J'ai voulu être sculptrice, peintre, dessinatrice, potière, et plusieurs autres types d'artisans. J'ai finalement opté pour l'ébénisterie artisanale, métier pour lequel j'ai complété une formation au professionnel en 2005. Mais comme c'est le cas de plusieurs corps de métier, une job d'entrée demandait 5 ans d'expérience…


Heu !? Bon, je crois que je vais continuer vers l'université peut-être ?


Direction AEU (accès aux études universitaires) pour compenser mon CÉGEP morcelé n'ayant pas conclu sur un DEC. Je découvre de nouvelles possibilités et m'enligne sur une majeure en anthropologie, science qui existe uniquement pour comprendre l'être humain ! Wow ! Ça doit être passionnant ! Oui. Mais, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas assez de place pour remettre en question les paradigmes et faire évoluer les théories. Déçue, j'ai pris un temps de réflexion.


Et si j'allais voir, c'est comment là-bas ?


Sans aucune expérience de plein air, randonnée, camping, voyage, sans n'avoir encore jamais pris l'avion ni sorti du Québec, je décide d'aller en Islande avec des bottes de rando toutes neuves, une tente et autres équipements fraîchement achetés. Bon, c'était peut-être un peu fou, mais je voulais partir à l'aventure, question de voir si je me trouverais en chemin.


C'est là que j'ai eu le coup de foudre. À voir la Terre à l'état sauvage, avec ses mouvements déchirants encore visibles dans le paysage comme une portion dramatique d'une symphonie. Toute cette puissance, ces couleurs (je suis une grande fan de couleurs), ces odeurs de soufre et de vie qui font remonter l'essence primaire de l'humain que nous sommes. Je voyais des phénomènes que je ne pouvais pas m'expliquer et je voulais comprendre !!


Quelques-uns des phénomènes et paysages qui m'ont marqué :

*NB : C'était en 2009 et ma caméra n'avait que 8 Mpx et certaines photos ont été prises à travers une vitre de bus.


Quand je suis revenue, la tête pleine de questions et d'émerveillement, je voulais trouver quoi faire, quoi étudier pour comprendre ces phénomènes. Malheureusement, comme pour beaucoup de gens, je ne connaissais pratiquement rien de la géographie. Je n’avais pas encore été vraiment présentée à celle-ci, ne l’ayant vue que sous sa forme politique et rarement en profondeur. Par chance, hasard ou destin (selon vos croyances), je suis tombée sur un court article dans L'actualité qui présentait une professeure de l'Université de Montréal, madame Lael Parrott, spécialiste des systèmes complexes (les liens et la dynamique entre les éléments d'un système, son tout et ses parties). Son laboratoire employait une vraie équipe multidisciplinaire. J'ai dévoré l'article, puis j'ai fouillé sur le site de l'Université de Montréal pour trouver les formations qui parlaient de systèmes complexes ou similaire et, j'espérais, des cours donnés par cette professeure.


Biologie ? Hum… Peut-être, mais il faudrait que je fasse des cours d'appoint.

Retour en anthropologie ? Non, je ne crois pas, non.

Physique ? Mouais, mais ce serait encore plus de cours d'appoint et ce n'était pas vraiment ça non plus.

Soudain, je l'ai vu ! J'ai même entendu la petite musique triomphale de l'épiphanie.

Chaque cours avait l'air tellement intéressant ! Même pas besoin de cours d'appoint (yeah !). Je pouvais m'inscrire tout de suite et me lancer dans cette aventure académique qui m'aiderait à explorer et comprendre.

C'est ce que j'ai fait : je me suis inscrite en géographie !


À cet instant, m'est revenu en tête un moment de mon secondaire 3 lorsque, durant d'une discussion entre la classe et notre professeur titulaire (devinez ? oui, oui, un prof de géo), celui-ci nous avait parlé de son parcours académique, comment il avait étudié en géographie par hasard et à quel point il avait adoré ça.

C'est à se demander si tous les géographes se retrouvent dans la géographie par concours de circonstances !


Est-ce une profession secrète dont les étudiants sont choisis par une chouette qui leur annonce qu'ils deviendront géographes ? Désolée de vous décevoir, ce n'est pas le cas. Mais on se sent un peu comme dans une classe à part quand presque personne ne sait vraiment ce que l'on fait, héhé.


J'ai donc commencé ma formation de géographe cet automne-là. Mon choix de cours incluait, entre autres, « Géographes et géographies » qui explorait l'histoire de la géographie et des grands géographes, ainsi que ce à quoi sert la géographie et son évolution au fil du temps. Tous mes cours furent passionnants et donnés par des passionnés. Je n'ai plus voulu faire autre chose ; j'avais trouvé ma voie. Aujourd'hui, je peux combiner mes différents intérêts et faire mon propre chemin. Et vous savez la cerise sur le sundae ? J'ai même pu suivre un cours avec madame Lael Parrott. *Joie*


Comment on fait un géographe ?


La recette est simple, mais les résultats peuvent hautement varier.


Ingrédients :

  • Un humain suffisamment adulte

  • Une bonne dose de curiosité

  • Un intérêt marqué pour le pourquoi du comment

  • Forte résistance aux éléments (pour être capable de prendre des relevés pendant une fin d'ouragan par exemple)

  • Minimum 1 bain de boue (plus il y en a mieux c'est)

  • 2-3 entrevues malaisantes (au minimum)

  • Quelques bières (optionnelles)

  • Un soupçon de nuits blanches

Brasser tous les ingrédients « secs » dans la tête de l'étudiant et celui-ci dans les ingrédients « humides » (sauf la bière qui va dans l'étudiant). Après environ 3-4 ans, les formes d'un géographe devraient émerger.


Plus sérieusement, il existe plusieurs branches à la géographie telle qu'elle est étudiée maintenant. Personnellement, j'ai choisi la géographie physique environnementale (à l'Université de Montréal, l'autre branche est la géographie humaine). Ma formation était donc plus axée sur les systèmes de la planète, les phénomènes de formation, les interactions entre les systèmes, comprendre comment les choses fonctionnent, les causes et les effets ; notre planète dans toute sa splendeur. Les sujets se regroupent généralement en cours thématiques (exemple  : hydrologie, climatologie, géomorphologie, etc.), mais on crée des liens d'un cours à l'autre. Je vous expliquerai certains concepts plus en détail dans de futurs blogues.


Alors, c'est quoi un géographe ?


C'est un scientifique qui étudie la planète sous toutes ses coutures incluant les interactions entre les individus (humain ou autres espèces) ainsi qu'entre ces individus et leur environnement. On se pose des questions  –  et on tente de trouver les réponses  – comme : comment ça fonctionne un écosystème ou encore, c'est quoi le rôle de cette petite bestiole par rapport à cette grosse-là (exemple : une abeille vs un humain) ?


Ça sert à quoi ? Pourquoi ça existe encore ?

Nous explorerons tout cela plus en détails prochainement.


À bientôt et merci pour votre visite,

Sabrina



Pour les curieux, l'article de L'actualité mentionné :

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